Une route qui produit de l’énergie. Cela est désormais possible à l’instar du projet Wattway de Colas pour lequel un kilomètre suffirait à éclairer une ville de 5 000 habitants. Cette révolution technologique est le fruit de cinq années de recherche. Comment ? Quelle énergie ? Tour d’horizon de cet outil innovant.
Conception de la route solaire pour produire de l'énergie
Une route dotée de fonctions de panneaux solaires pour produire de l’énergie. Un concept pas tout a fait novateur en considérant la start-up américaine qui a été fondée par un couple il y a quelques années pour construire des autoroutes intelligentes. Toutefois, le projet français Wattway se démarque par son échelle. En effet, le projet a doté la France d’un kilomètre, soit 2.800 m², de route solaire pour un montant de 5 millions d’euros si jusque-là, seules des petites portions de routes solaires avaient été installées, entre 20 et 100 m². Cette trouvaille technologique résulte de cinq années de recherche née de la collaboration entre la société Colas, l’Institut National de l’Energie Solaire (INES) et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
Sur la chaussée, des dalles de dimensions variables avec des cellules photovoltaïques de 15 cm de côté ont été posées. Ces cellules, très fragiles, sont enrobées d’un substrat multicouche qui est un mélange de résine pour supporter la circulation de tout type de véhicule même des camions. Le mélange qui est translucide laisse passer la lumière du soleil captée par les cellules de silicium. La surface au contact des roues des véhicules reste antidérapante à l’instar des routes traditionnelles. Les dalles sont raccordées à un bâtiment ou à un réseau de distribution local. Les dalles sont posées et collées directement sur la chaussée sans grands travaux. Les routes solaires ne nécessitent pas spécifiquement d’entretien particulier par rapport aux routes existantes.
Plusieurs applications possibles pour les routes solaires
La route solaire offre diverses applications. Le projet permettra d’abord d’alimenter l’éclairage public, les enseignes lumineuses, les tramways, mais aussi les logements, les bureaux, les parkings, etc.
Côté transport, le projet s’achemine vers la route du futur, intelligente et connectée. Les capteurs permettent d’avoir en temps réel des informations sur l’état de la chaussée, sur le trafic afin de le gérer de façon dynamique (répartition et réorientation des flux, ...). On peut aussi imaginer un rechargement des véhicules électriques via des recharges par induction.
Le projet représente par ailleurs une solution pour les régions isolées où les coûts de raccordement au réseau électrique sont élevés. La route solaire va permettre de créer des infrastructures de production d’énergie locales et pérennes en circuit court.
Le développement des transports en commun et véhicules « propres » constitue également une des applications du projet à travers la production d’énergie nécessaire pour alimenter les tramways ou les véhicules électriques.
Un rendement d'énergie incertain concernant les routes solaires
Bien que le projet représente une prouesse technologique, trois points majeurs sont à soulever :
- le rendement énergétique
- le coût
- la durée de vie.
Par rapport au rendement des panneaux solaires de toit (20 %), le rendement solaire de Wattway est de 15 %. La perte de rendement provient de la nécessité d’avoir une adhérence comparable à celle d’une roue classique à travers la surface en granulométrie. Ce rendement ne prend pas en compte l’absence d’inclinaison des panneaux solaires orientés vers le soleil. Ce rendement initial de 15% est donc à revoir à la baisse surtout qu’il ne faut pas oublier que les véhicules font nécessairement de l’ombre à leur passage. Lors de l’inauguration du premier kilomètre de route solaire à Tourouvre-au-Perche (Orne), Ségolène Royal avait annoncé une production journalière moyenne de 790 kWh, 23 fois moins que celle initialement annoncée 17.963 kilowattheures.
Pour le tronçon normand, Wattway table sur une production annuelle de 280 MWh. En terme de coût, Wattway reste assez prohibitif. A 17 euros le watt-crêt (Wc), le projet est largement plus cher que les centrales au sol et en toiture qui ne dépassent pas 1,30 euro le Wc et ce, malgré l’objectif de Colas de diminuer le prix pour atteindre 6 euros le Wc. Enfin, pour le moment la durée de vie du produit n’est pas encore bien définie.
A terme, le souhait de développer 1.000 km de route solaire en France a été annoncé à l’horizon 2021. D’ici là, du chemin reste encore à faire.