C’est avec surprise que Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire a annoncé ce mardi 28 aout 2018 en direct à l’antenne de France Inter qu’il démissionnait de son poste. « Je ne veux plus me mentir » a déclaré le ministre au micro de la journaliste Léa Salamé, expliquant ensuite que c’était « la décision la plus difficile de sa vie ». Annonce en direct qui en a surpris plus d’un puisqu’aucun membre du gouvernement n’était prévenu.
Après 15 mois passés au sein du gouvernement, en demi-teinte, ponctués de petites victoires mais aussi et surtout de lourdes défaites et avant tout ce sentiment très présent de ne pas faire entendre sa voix, c’est à la veille de la rentrée du gouvernement que Nicolas Hulot a décidé de quitter son poste de ministre.
Nicolas Hulot : un écologiste engagé pour l'environnement
Amoureux de la nature, Nicolas Hulot est connu pour ses engagements en faveur de la préservation de l’environnement. Lors de son entrée au gouvernement Macron, il s’est de suite attaqué au dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui a finalement été abandonné par le gouvernement en janvier 2018. Cette victoire, qui aurait pu laisser penser à une installation durable au Ministère de la Transition écologique et solidaire, n’a cependant pas été suffisante pour convaincre l’homme de valeurs et de principes, de passer outre certaines de ses convictions. Retour sur un mandat qui fut riche en évènements, mais au bilan qui reste mitigé.
Un ministre de la Transition écologique et solidaire isolé
Depuis son arrivée au sein du gouvernement, Nicolas Hulot a donné l’impression d’être isolé et de ne pas trouver sa place. Cette solitude, ce manque d’écoute, cette incapacité à se frayer un chemin, rendant impossible l’accomplissement de ses projets l’a peu à peu dirigé vers une sortie inévitable. Une décision mûrement réfléchie, qui fait suite à un bilan décevant et à une accumulation de propositions rejetées ou ralenties.
Les sujets sensibles
Pour justifier son départ « précipité », l’ancien ministre explique qu’il avait l’impression que l’écologie n’était pas la priorité du gouvernement, que le sujet passait au second plan alors qu’il devrait en être le centre. La France n’en fait selon lui, pas assez et cela freine le pays sur d’autres points, notamment économiques. « Make our planet great again » lançait fièrement Emmanuel Macron en juin 2017. Que s’est-il passé depuis ? On a pu voir de petites avancées sur des sujets comme la rénovation énergétique des logements notamment mais sur d’autres, Nicolas Hulot a dû revoir ses ambitions à la baisse.
Citons brièvement le glyphosate qui est un herbicide très controversé et accusé par certains de pouvoir provoquer des cancers et les pesticides. Mais le point sensible du mandat de Nicolas Hulot, le sujet qui lui tenait à cœur est bel et bien le nucléaire. La loi sur la transition écologique qui prévoyait une réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production d’énergie, s’est avérée au fil des mois un objectif difficile à atteindre. Cette loi prévoyait entre autres la fermeture de centrales à charbon et de réacteurs nucléaires. Visiblement irréalisable, le nucléaire a été abandonné au fur et à mesure, laissant le ministre sur un échec. Cette défaite a été un coup dur pour l’homme qui espérait beaucoup de cette loi.
D’autres petites défaites sont venus assombrir le mandat de Nicolas Hulot. Il y a eu les hydrocarbures en 2017, le ministre avait fait voter une loi qui programmait la fin progressive de la production pétrolière et gazière sur le sol français, d’ici 2040. La loi agriculture et alimentation, le plan biodiversité, le plan qualité de l’air, l’accord UE-Canada pour lequel Nicolas Hulot émettait des réserves avant son entrée au Ministère. Il estimait alors le CETA dangereux pour l’environnement, et malgré son arrivée, n’avait rien pu faire pour empêcher son entrée en vigueur. Les subventions pour les vélos électriques : ces dernières, qui permettaient aux acheteurs de vélos électriques de bénéficier de 200 euros maximum pour pouvoir amortir le coût de celui-ci, a visiblement dépassé les attentes du gouvernement, qui décidera de réduire ces aides et de les réserver uniquement aux ménages non imposables.
Dernière en date, le permis de chasse : il serait la raison pour laquelle Nicolas Hulot aurait quitté le gouvernement. Le président Emmanuel Macron a confirmé le 27 août la baisse du coût du permis de chasse, le faisant passer de 400 euros à 200 euros, et cela, pour satisfaire le lobby des chasseurs. Conscient de la position très ferme de Nicolas Hulot à ce sujet, Emmanuel Macron avait préféré confier le dossier au secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu. Quel est la place des lobbys face à cet enjeu et un changement est-il possible ? La question de l’influence de ceux-là peut se poser.
Les victoires à noter au bilan de Nicolas Hulot
L’une des plus grandes victoires du mandat de Nicolas Hulot fut l’inscription dans l’article premier de la constitution par l’exécutif des mots « environnement, climat et biodiversité ». Auparavant, ces éléments apparaissaient dans l’article 34.
Notre-Dame-Des-Landes : c’est le 17 janvier 2018 que le premier ministre Edouard Philippe a annoncé l’abandon de ce projet, controversé et très médiatisé. Opposé à ce projet depuis longtemps, il n’a pas cessé de se battre pour permettre à l’aéroport de ne pas voir le jour et à la population de conserver leurs habitations. Malheureusement, cela ne fut pas suffisant.