Depuis le 21 mars 2013, l’Etat a mis en œuvre le Plan de Rénovation Energétique de l’Habitat (PREH). Il fixait plusieurs objectifs à atteindre chaque année. Parmi les plus importants, il y a la lutte contre la précarité énergétique. On encourageait donc les ménages concernés par ce problème, à accomplir des travaux de rénovation en leur attribuant des aides financières.
La question qui se pose est : est-ce que les différentes dispositions prises ont donné le résultat escompté ? Justement, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a mené une enquête nommée Travaux de Rénovation Energétique des Maisons individuelles (TREMI). Elle a apporté plusieurs informations assez intéressantes
Tout savoir sur le TREMI
Avant tout, il faut souligner que l’enquête TREMI est accomplie en continuité avec l’étude OPEN dont le résultat a été publié en 2015
- L'enquête TREMI, c'est quoi ?
L’enquête se porte sur les travaux de rénovation effectués dans les bâtiments individuels, qui servaient de résidence principale, entre 2014 et 2016. Elle a été accomplie auprès de 29.253 ménages. Les participants à l’étude habitent en France continentale (Métropole et hors Corse).
Lors de cette enquête, l’équipe de l’ADEME avait trois missions précises. Il s’agit de faire une analyse technique des travaux réalisés et des dispositifs d’aides financières mis à la disposition des ménages ciblés. Elle est aussi tenue d’étudier les motivations des ménages et d’évaluer le recours aux subventions étatiques.
Afin d’apporter plus de précisions, quant aux résultats de l’enquête, l’impact énergétique des travaux effectués a été évalué. Il s’agit d’une estimation modélisée, basée sur la comparaison de la consommation d’énergie avant et après les travaux
- L'utilité de l'enquête
Le premier objectif dans le lancement de l’enquête TREMI est de vérifier si les travaux réalisés ont réellement permis d’accroître la performance énergétique des habitats. Elle servait également à déterminer si les ménages sont favorables à l’idée d’accomplir les rénovations.
En même temps, l’étude devrait mettre en exergue les raisons qui pourraient empêcher les particuliers à lancer les travaux. Enfin, l’enquête TREMI a aussi permis de déterminer la notoriété et l’efficacité des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique.
- Déroulement de l'enquête
Les participants à l’étude devaient répondre à un questionnaire en ligne. Ensuite, l’équipe de l’ADEME a effectué une descente sur le terrain en avril et mai 2017 afin de collecter plus d’informations sur les motifs des non-rénovateurs, les motivations des ménages ayant effectué des travaux, les rénovations effectuées et leur impact sur la performance énergétique des logements concernés.
Notons que les enquêteurs ont pris en compte 7 postes de travaux, à savoir : les murs, la toiture et les combles , les ouvertures, le plancher bas, le chauffage, la ventilation et l’eau chaude sanitaire.
Focus sur les résultats de l'enquête
Cette première enquête nationale a ressorti un bilan plutôt intéressant. Découvrez les détails y afférents !
- L’amélioration du confort comme principale raison à la réalisation des travaux
Sur les 29.253 ménages interviewés, 19.289 (soit 66%) n’ont pas encore accompli des travaux de rénovation énergétique. 54% d’entre eux pensent que les opérations ne sont pas nécessaires, et 24% des non rénovateurs présentent le manque de moyen financier comme frein à la réalisation des opérations
Les 9.964 répondants restants (34%) sont déjà passé à l’acte. A priori, leur objectif principal était d’améliorer le confort de leurs habitats. Evidemment, la majorité d’entre eux espérait aussi réduire leur facture énergétique.
Un autre point très important révélé par TREMI : les ménages français considèrent la réalisation des travaux comme un moyen de gérer les pannes et les sinistres. Il faut dire que c’est un excellent argument et les pouvoirs publics pourraient l’exploiter lors des prochaines campagnes de sensibilisation.
- Insuffisance des mesures d'accompagnement
TREMI révèle que seuls 15% des ménages ayant rénové leurs habitats ont eu droit aux accompagnements dont ils ont eu besoin. Cela a eu un impact considérable sur le résultat des travaux. Les ménages rénovateurs estiment qu’ils ont besoin de plus d’informations concernant les aides financières qu’on peut obtenir, le montage du dossier financier, les travaux à réaliser, les matériaux à utiliser et la recherche de l’entreprise RGE (Reconnu Garant de l’environnement).
- L'isolation comme travaux phares
L’enquête TREMI a révélé que l’isolation des fenêtres, des toitures et des murs occupe la première place des travaux les plus réalisés. En effet, 65% des ménages ont accompli ces bouquets de travaux. C’est un point très positif. Il faut souligner que l’isolation est un bon moyen d’accroître la performance énergétique d’un bâti. Toutefois, les travaux n’ont pas donné le résultat attendu. On peut attribuer plusieurs raisons à cet échec. Le fait d’avoir négligé la performance du système de ventilation en est une
- La plupart des ménages satisfaits
Notons que sur seuls 5% des 5,1 millions de ménages ayant fait des travaux, soit 260.000 habitats, ont enregistré un saut de deux classes énergétiques après les travaux. En dépit des divers problèmes qu’ils ont rencontrés, les ménages rénovateurs sont plutôt satisfaits du résultat de leur investissement. 83 % d’entre eux ont constaté une amélioration du confort de leurs logements et 61 % ont vu leur facture énergétique diminuer. En d’autres termes, il y a un écart considérable entre la façon dont les ménages considèrent l’évolution de la performance énergétique de leurs habitats et les objectifs fixés par les pouvoirs publics.
- Un tour sur l'impact des aides financières
Selon l’enquête TREMI, le coût moyen des travaux de rénovation supporté par chaque ménage s’élevait à 11750 €. Environ 44% d’entre eux ont eu recours à une aide financière, ce qui leur a permis d’engager un professionnel. Les subventions de l’Anah ont particulièrement séduit les particuliers. En revanche, le recours au CITE (Crédit d’impôt pour la rénovation énergétique) a été plutôt faible. 32% des ménages rénovateurs ont dû demander un prêt bancaire pour financer les travaux.
Les recommandations de l'Ademe
Pour inciter les ménages français à rénover leurs habitats, l’Etat devrait trouver d’autres outils de motivation. Intégrer la rénovation énergétique dans les travaux d’entretien importants constitue déjà une bonne initiative. Mais pour encourager les Français à passer à l’acte, la contribution des assureurs et des artisans opérant dans le secteur du dépannage et de la rénovation est nécessaire. Il faut aussi apporter plus d’éclaircissements sur les dispositifs d’aide.
La publication d’un retour d’expérience positif constitue également un moyen efficace pour optimiser la motivation des ménages en matière de rénovation énergétique. En effet, l’enquête TREMI a dévoilé que 25% des ménages rénovateurs ont été incités par une personne de leur entourage.
Concernant les problèmes d’accompagnement, il est peut-être temps d’envisager le recours à d’autres acteurs pour renforcer les dispositifs publics disponibles dans les territoires. C’est le cas des architectes indépendants. Enfin, pour améliorer l’efficacité des travaux, il est plus adéquat de privilégier l’isolation de toutes les parois du bâtiment avant de s’attaquer à d’autres gestes de rénovation comme le remplacement du chauffage.
En somme, l’enquête TREMI est la seule à avoir mis en évidence le résultat du Plan de rénovation énergétique de l’habitat. Elle a entre autres révélé que l’Etat doit encore mener une campagne de sensibilisation efficace afin d’inciter les Français à faire des opérations de rénovation énergétique. Les ménages ciblés ont également besoin de plus d’informations sur les travaux les plus rentables et les dispositifs d’aide à prétendre pour alléger les dépenses. Quoi qu’il en soit, on peut dire que le bilan est plutôt positif.