Les rumeurs concernant une éventuelle hausse du coût de l’électricité en 2019 s’intensifient ces dernières semaines, amenant avec elles manifestations de colère. Le vendredi 30 novembre dernier, l’association des consommateurs de gaz et d’électricité CLEEE (Comité de liaison des entreprises consommatrices d’électricité), a annoncé qu’elle aura bien lieu au mois de février et qu’elle sera particulièrement élevée.
Evidemment, c’est une mauvaise nouvelle pour les consommateurs. Elle risque fort d’attiser encore plus la colère des gilets jaunes. Pour rappel, leur manifestation a débuté suite à la flambée des prix du carburant. Quel sera le nouveau tarif appliqué ? Quelle mesure prendra l’Etat pour apaiser la grogne des consommateurs ?
Les détails de la hausse du coût de l’électricité
Cela fait déjà quelques semaines que les consommateurs mécontents désormais baptisés les gilets jaunes ont exprimé leur colère. Leur mouvement a pris de l’ampleur et il commence à engendrer de nombreux soucis. Pour rappel, la hausse du coût du carburant est la principale cause de leur manifestation. L’annonce de CLEEE concernant l’augmentation des prix de l’électricité ne va pas améliorer les choses.
- Une hausse d'au moins 8%
Selon le CLEEE, il faut s’attendre à une hausse de 8% à 10% et ce, à cause d’un surcoût qu'on estime pouvoire atteindre les 1,470 milliard d’euros pour l’année 2019. Le responsable de Direct Energie évoque en revanche une hausse de 3%. Quoi qu’il en soit, il y aura une hausse et elle sera significative.
- Une augmentation généralisée
En effet, tous les consommateurs aussi bien les particuliers que les professionnels et les industriels seront touchés par cette évolution du coût de l’électricité. Même les abonnés au tarif réglementé d’EDF ne seront pas à l’abri.
- Une hausse continuelle jusqu’en 2025 ?
A priori, les prix de l’électricité ne vont pas se stabiliser d’ici tôt. La hausse pourrait continuer jusqu’en 2025. Il se trouve que l’amélioration des réseaux électriques requiert un lourd investissement.
- Impact de l’augmentation chez les consommateurs
Sans conteste, les consommateurs seront lourdement pénalisés. Ils verront leurs factures d’énergie grimper année après année. Pour les particuliers, la hausse pourrait atteindre 11,4% pendant la première année et de 3,5% par an par la suite
La cause de la hausse tarifaire
Comment expliquer cette nouvelle flambée des prix de l'élécrticité ? Plusieurs facteurs peuvent être évoqués.
- L’activité nucléaire
A priori, le coût de l’électricité nucléaire y est pour quelque chose. Actuellement, il est estimé à 54,2 euros le mégawatheure. Or, d’après la Cour des Comptes, ce n’est pas le coût réel, car d’autres éléments n’ont pas été pris en compte. Si on fait le calcul, il pourrait atteindre les 75 euros le MWh. Ce dernier tarif pourrait évidemment avoir une répercussion sur le prix de l’électricité d’ici à 2020.
- Hausse de la demande des concurrents d’EDF
En effet, la Commission de la Régulation de l’Energie (CRE) a récemment révélé que la demande des concurrents d’EDF dans le cadre de l’Arenh pour l’année 2019 atteint les 132,93 TWh. Autrement dit, elle dépasse largement le plafond
Pour information, l’Arenh ou Accès régulé à l’électricité nucléaire historique est un dispositif qui oblige le fournisseur historique à céder une part de son électricité nucléaire aux opérateurs alternatifs à un tarif de 42 euros le mégawatheure pour les 100 premiers térawattheurs
Or, les cours du marché du gros ont beaucoup augmenté ces derniers mois. Ils atteignent désormais les 58 euros/Mwh. La marge est assez importante. L’EDF est donc obligée de tenir compte des pertes générées par ces achats faits par ses concurrents lors du calcul du prix.
- Les autres facteurs à considérer
Si la hausse tarifaire devient ingérable, c’est parce que bien d’autres éléments entrent en ligne de compte dans la détermination du nouveau prix de l’électricité. On cite entre autres le coût des certificats d’énergie, les frais d’acheminement de l’électricité ainsi que les taxes incluant notamment la CSPE, la CTA, la TCFE et la TVA
La promesse de l'Etat
Bien que l’augmentation des prix de l’électricité en 2019 ne soit pas encore confirmée, les consommateurs sont déjà en rogne. Les mouvements des gilets jaunes risquent de s’intensifier. Pour calmer le jeu, le gouvernement fait des propositions.
- Une hausse modérée pour 2019
Normalement, la hausse tarifaire est programmée pour le début du mois d’août. Mais en 2019, elle aura lieu en début de février. Il faut mentionner que 26,5 millions de foyers sont encore abonnés au tarif règlementé d’EDF. Une telle hausse des prix de l’électricité aura un impact désastreux sur leurs budgets.
Selon le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, l’Etat fera tout pour que la hausse soit « la plus modérée possible ». Il a ajouté que la détermination des tarifs réglementés ne s’effectue pas de façon automatique. Le calcul est basé sur diverses informations. Par ailleurs, le gouvernement a déjà demandé à la CRE de lui fournir tous les calculs, afin de pouvoir prendre une décision adéquate.
En réponse, le régulateur a mentionné dans un communiqué qu’elle va proposer au gouvernement une évolution des tarifs réglementés de l’électricité au mois de février. Il faut dire que la tâche du gouvernement est loin d’être simple. Pourtant, il n’a que trois mois pour prendre une décision. D’un côté, l’Etat doit apaiser les consommateurs. D’un autre côté, il doit aussi essayer d’empêcher les concurrents d’EDF de porter l’affaire devant la justice
- Un gel des tarifs selon Edouard Philippe
Le premier ministre a aussi annoncé qu’aucune augmentation tarifaire n’est prévue pour cet hiver. Elle sera repoussée jusqu’au mois d’août. Or, cela va entraîner une hausse encore plus importante.
- Vers une baisse de la CSPE ?
Toujours pour calmer les esprits, le ministre de la Transition écologique et solidaire a fait d’une éventuelle baisse de la CSPE (Contribution au service public de l’électricité). A priori, cela pourrait amortir la hausse tarifaire.
Les solutions envisageables
Pour le moment, l’Etat n’a présenté aucune solution précise. Une éventuelle réduction de la taxe CSPE pourrait avoir un impact sur le développement de l’énergie renouvelable. Par ailleurs, cela risque fort de handicaper le budget de l’Etat d’après le directeur général délégué de Direct Energie, Fabien Choné. Quelles manœuvres peut-on alors adopter pour empêcher la flambée des prix de l’électricité ? La solution qu’on peut envisager serait de lisser les hausses. Cela consiste à remodeler la formule utilisée dans le calcul du tarif réglementé
Du côté des consommateurs, la solution la plus simple est de s’adresser aux fournisseurs alternatifs. Leurs offres sont beaucoup plus avantageuses. En optant pour les prix indexés par exemple, on peut profiter d’une baisse du prix d’abonnement du prix de kWh. En revanche, en misant sur les prix fixes, on est à l’abri des fluctuations tarifaires. Enfin, avec les prix fixes ajustables, il est possible d’éviter la hausse des prix et de profiter en revanche des baisses tarifaires. Enfin, on peut aussi se tourner vers les énergies renouvelables.
En somme, la hausse des prix de l’électricité en 2019 semble être inévitable. Selon la CLEEE, elle sera phénoménale, car elle se situera entre 8% et 10%. De son côté, l’Etat s’engage à empêcher une hausse aussi démesurée. Si le premier ministre reste vague quant aux mesures à prendre, le ministre de la Transition écologique et solidaire a déjà donné quelques pistes. Parmi lesquelles, il y a la réduction de la CSPE ainsi que l’application d’une hausse modérée. Mais en toutes circonstances, les consommateurs seront toujours les plus lésés.